17.08.2017

Airbnb : + 34 % de logements enregistrés en un an à Saint-Martin

2 576 logements sont disponibles à Saint-Martin. Enquête sur ce nouveau mode d’hébergement.

Fondée en 2008 et arrivée en France en 2011, Airbnb est une plateforme communautaire basée en Californie qui permet de proposer des logements uniques à travers le monde, de les découvrir et de les réserver en ligne, sur un téléphone mobile ou une tablette. « Réservez des logements uniques et vivez là-bas comme des locaux», promet-elle dès la page d’accueil de son site.

A Saint-Martin, Airbnb gagne progressivement du terrain sur le marché de la location de vacances. Si bien qu’on compte aujourd’hui 2576 logements disponibles à la location en partie française, soit 34% de plus qu’en 2016. Le Nord de l’île a également accueilli 72 % de voyageurs de plus que l’année dernière, via la plateforme. Par ailleurs, les habitants de Saint Martin (partie française uniquement) sont plus nombreux à utiliser la plateforme pour voyager avec 42% d’utilisateurs en plus en 2017.

La plupart des utilisateurs dans le monde répondent à la vocation première de la plateforme : mettre sa résidence principale en location lorsqu’ils s’en absentent, ou louer une chambre chez eux tout en continuant à habiter sur place, afin d’arrondir leurs fins de mois ou compenser les dépenses effectuées pour voyager. C’est aussi le cas à Saint-Martin, mais il suffit de consulter les annonces pour se rendre compte que beaucoup de logements proposés, surtout si l’on filtre les résultats en ne cherchant que des logements entiers (et non des chambres chez l’habitant) ne sont pas habités mais destinés exclusivement à la location. Décoration d’hôtels, meubles laqués, absence totale d’affaires personnelles d’éventuels habitants…

« Faire » du Airbnb est devenu un véritable business pour ces propriétaires et multipropriétaires de résidences secondaires, notamment en haute saison où il faut compter au minimum 60€ la nuit dans un studio.

Contactée à ce sujet, la plateforme déclare : «Airbnb n'a pas inventé la location de vacances mais l'a considérablement démocratisée en créant une plateforme mondiale sécurisée qui prend en charge le paiement. De nombreux particuliers ont donc pu commencer à louer leur résidence principale lorsqu'ils s'absentent. La grande majorité des hôtes Airbnb sont ainsi des particuliers qui louent leurs logements pour arrondir leurs fins de mois. Mais il y a également des personnes qui louent leur résidence secondaire (qui ne sont pas soumises à des restrictions de durée), des chambres d'hôtes ou encore des petits hôtels de charme. Les profils et les annonces permettent aux voyageurs de faire leur choix parmi toutes les propositions». Louer sa résidence principale est autorisé, mais en fonction des villes il faut parfois le déclarer préalablement en mairie. «Les hôtes doivent donc se renseigner sur leur situation personnelle et nous les aidons à travers la page Hébergement Responsable», nous explique-t-on.

Que l’on soit particulier ou professionnel, gagner de l’argent en louant son logement sur Airbnb est une pratique légale en soi. Elle est simplement réglementée avec la loi Alur (loi pour une République numérique).

Ailleurs comme à Saint-Martin, «un logement est considéré comme votre résidence principale lorsque vous y résidez au minimum huit mois, « sauf obligation professionnelle, raison de santé ou cas de force majeure ». A l’exclusion de ces derniers cas, s’il est occupé moins de cent vingt jours par an, il devient une résidence secondaire.

Si la résidence principale est louée moins de cent vingt jours par an, aucune démarche n’est obligatoire, sauf à Paris, Bordeaux et Nice. »

La loi stipule aussi l’interdiction de mettre en location son logement s’il s’agit d’un logement social, si le règlement de copropriété l’interdit ou si le locataire n’a pas obtenu du bailleur une autorisation écrite pour sous-louer. Au-delà de cent vingt jours de location, partout en France, une déclaration à la mairie ou en collectivité est obligatoire. Celle-ci choisit d’autoriser ou non un changement d’usage au demandeur, qui lui permettra d’exploiter le logement en guise de meublé touristique.

« Pour ceux souhaitant louer à l’année un local – qu’il soit destiné à l’origine à l’habitation ou non – par des locations de courte durée, il est obligatoire d’effectuer une demande de changement de destination. »

Tout revenu provenant de la location à courte durée doit être déclaré au fisc. Selon la réglementation fiscale de Saint-Martin, les personnes physiques ou morales (professionnels et non professionnels de l’hébergement) qui louent des appartements ou des villas meublés, pour une durée inférieure à 90 jours (cette durée s’apprécie pour chaque opération et non globalement sur l’année) sont redevables de la taxe de séjour. Elle s’ajoute au prix demandé au client et est mentionnée sur la facture qui lui est délivrée. Il s'agit donc d’un impôt indirect à la charge des clients dont le taux est fixé à 4%. La déclaration, accompagnée du paiement de la taxe due, est adressée au plus tard le 15 de chaque mois au pôle douanier et fiscal.

Si jusqu’ici les contrôles étaient presque aussi rares que les hôtes respectaient la loi, ils se sont intensifiés ces derniers mois. En effet, à Paris, l’AFP indiquait que les saisines par la Ville à la justice sont passées de 42 logements en 2016 à 128 en 2017 et les amendes se sont multipliées. Reste à voir s’ils le seront aussi localement.

Fanny Fontan