04.04.2017

Il perçoit la retraite d’un homme dont il a volé l’identité

Un homme résidant à Saint-Martin a été condamné par le tribunal pour avoir usurpé l’identité de quelqu’un et escroqué la Sécurité sociale.

«Vous percevez déjà votre retraite depuis 2005 en Martinique», voici ce que répond la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS) de la Guadeloupe à un artisan carreleur (Monsieur T) de Marie-Galante lorsque celui-ci demande à prendre sa retraite en 2012. Double stupéfaction car il n’a jamais quitté son île natale de Marie-Galante et n’a jamais cessé son activité professionnelle en 2005. La CGSS est interpellée et ouvre une enquête en interne pour comprendre la situation. La question est de savoir à qui la soi-disant retraite a été versée en 2005 en Martinique.

Quelques années plus tard, en novembre 2015, c’est la COM de Saint-Martin qui s’interroge au sujet d’un Monsieur T. Ce dernier vient au service de l’état civil reconnaître un enfant et lorsqu’il décline son nom, une information remonte dans le système : cette identité est usurpée.

La police aux frontières (PAF) est saisie de l’affaire. Elle interroge le fameux monsieur T mais ce dernier a du mal à donner des précisions sur sa famille. Il ne se souvient pas des années de naissance de ses parents, ne sait pas où vivent ses sœurs et frères.

Le Monsieur T de Marie-Galante est également entendu et parvient, lui, avec exactitude à donner les années de naissance de ses parents, frères et sœurs ainsi que leur lieu de résidence. Il indique en outre s’être fait voler ses papiers en 1978 sur un chantier. Ces informations sont celles figurant sur un acte d’état civil enregistré à la mairie de Baie-Mahault.

Le rapprochement entre les deux affaires est rapidement établi : le Monsieur T de Saint-Martin utilise l’identité de Monsieur T de Marie-Galante depuis des années et profite de sa sécurité sociale. Diabétique, il a effectué plusieurs séjours à l’hôpital de Fort de France et de Saint-Martin où il s’est fait amputer d’une jambe. Autant de frais que la CGSS lui réclame aujourd’hui, soit 29 416 euros. En plus des 88 641 euros perçus au titre des allocations retraites à la place du Monsieur T de Marie-Galante.

Ce dernier devrait toutefois voir la situation s’améliorer car le tribunal correctionnel a reconnu le Monsieur T de Saint-Martin coupable et l’a condamné à deux peines de six mois de prison pour usurpation d’identité et escroquerie. À noter que le Monsieur T qui était convoqué avec cette fausse identité, n’était pas présent le jour de l’audience car il venait d’être admis à l’hôpital pour y être opéré.

Le mystère demeure néanmoins entier quant à la vraie identité du Monsieur de T de Saint-Martin, qui a aussi reconnu ses propres enfants (cinq) avec ce faux nom. Des procédures doivent être engagées afin que ses enfants n’apparaissent pas dans la filiation du vrai Monsieur T.

 

 

 

Estelle Gasnet