03.02.2017

Il arrive «stone» au tribunal

Un homme de trente ans a été condamné pour usage illicite de produits stupéfiants.

«Après avoir planté du basilic et des piments le matin, j’ai quoi d’autre à faire dans la journée ?», demande-t-il. N’ayant pas de travail ou d’autres activités, il fume quatre à cinq joints par jour ce qui lui coûte 150 dollars par mois. En novembre, il a été contrôlé à deux reprises à quinze jours d’intervalle par les gendarmes alors qu’il avait sur lui des sachets d’herbe de cannabis. D’où sa comparution jeudi 2 février devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin pour usage illicite de produits stupéfiants.

Le prévenu a trente ans, habite à Sandy Ground et vit du RSA. Il a été condamné en juin l’an passé pour des faits similaires et depuis décembre il accomplit un travail d’intérêt général.

Il justifie sa consommation par un manque d’emploi. «Personne ne veut de moi !», lâche-t-il au juge Gérard Egron-Reverseau. «Mais si vous arrivez à un entretien dans l’état que où vous êtes aujourd’hui avec les yeux rouges, c’est certain que les patrons ne vont pas vous embaucher», commente le président du tribunal. Ce que le prévenu veut bien comprendre mais moins admettre. «Comment peut-on juger les gens sur leur apparence ?... Quand je travaille je fume pas», admet-il. Puis d’avouer qu’il a fumé un joint avant de venir à l’audience et qu’il en fumera un autre quand elle sera finie.

«Pour parler de manière familière, vous êtes un peu stone», fait remarquer à son tour le vice-procureur Michaël Ohayon. Avant de lui signifier le risque de désocialisation. Ce que là encore, le prévenu semble comprendre. Il acquiesce en effet de la tête tous les propos du représentant du ministère public. Il se tient droit et l’écoute. «Je veux bien travailler», répète-t-il. Il précise même ses compétences. «Je peux faire de la peinture, de la plomberie… J’ai aussi rangé les rayons du temps de Match*», affirme-t-il.

Selon les réquisitions du parquet, le tribunal a prononcé une peine de quarante-cinq jours amende à 10 euros à son encontre. «Mais comment je vais faire pour payer ? », a-t-il demandé au juge. «Et bien, au lieu d’acheter du cannabis, vous allez mettre 10 euros tous les jours de côté, dans un pot», lui répond le magistrat. Pas si évident. «Ah, si je fais un pot, c’est pour moi… ! », lâche-t-il avant de quitter la salle d’audience en titubant légèrement.

 

* Match est l’ancien supermarché à Howell Center.

Estelle Gasnet