16.04.2016

Recycler les déchets inertes du BTP

Frank Viotty recycle les déchets inertes du bâtiment qu'il réutilise ensuite pour d'autres chantiers.

Ancien conseiller municipal et régional, entrepreneur du BTP à qui l’on doit entre autres, la digue de la marina fort Louis, et la deuxième phase de la marina royale, Frank Viotty est quelqu'un que l'on ne présente plus à Saint-Martin. Mais on ignore sûrement encore, que ce retraité de l’armée confesse volontiers être «un peu écolo sur les bords».

Patron de l’EURL TMTT (Terre Mer Transport Terrassement) qu’il a créée il y a vingt-et-un ans, il recycle depuis quelques années les déchets inertes du bâtiment, lassé de voir la nature souillée. «On appelle inertes les déchets qui ne comportent aucun produit dangereux type amiante» explique-t-il avant de préciser : «à Saint-Martin il y a très peu d’amiante»

Tout est parti d’un constat. «Avant, on ne faisait que construire sur l’île. Mais depuis quelques temps il faut d’abord démolir. Les produits issus des démolitions se retrouvaient dans la nature transformée peu à peu en déchetterie sauvage et on trouvait du remblai dans les étangs.» Frank Viotty décide donc de valoriser ce remblai.

Mais avant de valoriser il faut respecter plusieurs étapes :

- déconstruire : enlever de manière sélective tout l’habillage de l’immeuble (tôles, bois, fenêtres, plomberie et sanitaires, électricité, climatisation)

- démolir : tout faire tomber de l’immeuble niveau par niveau, du haut vers le bas (toit, murs, planchers, fondations, citernes et fosses)

- évacuer : charger et transporter à la décharge ou sur un lieu de traitement et de recyclage

- recycler : il faut d’abord effectuer un tri complémentaire, puis réduire les déchets à des tailles compatibles avec des engins et appareils de traitement. Pendant le concassage, les métaux sont prélevés de manière manuelle et magnétique. Enfin, il faut cribler les gravats issus du concassage. Les graviers et autres matériaux recyclés sont alors séparés en tas selon leur nature et leur grosseur.

Les produits ainsi recyclés peuvent enfin être valorisés. Les métaux sont exportés pour être fondus et réutilisés. Les gravats servent ensuite de remblais ordinaires, de sous-couches pour les routes ou les fondations d’immeubles (GNT : gravier non traité), de couches de drainage en fonction du calibrage, ou bien être réutilisés dans la composition des bétons après traitement complémentaire et lavage. «Pour la construction de la cité scolaire, par exemple, nous avons utilisé 4000 m3 de matériaux provenant de la démolition d’autres chantiers pour les sous-couches» expose Frank Viotti. TMTT compte une dizaine d’employés. L’ensemble de ces travaux de recyclage nécessite beaucoup de main-d’œuvre et l’utilisation de machines de terrassement (pelles sur chenilles avec pinces de démolition…), un chargeur pour le chargement ainsi que des camions pour le transport. Des machines énormes qui ont un coût considérable que le peu d’utilisation sur l’île ne permet pas de rentabiliser autant qu’en métropole. Mais depuis qu’il recycle, Frank Viotti achète beaucoup moins de matériaux si ce n’est le sable. En misant sur l’écologie, il fait ainsi des économies.

Fanny Fontan