01.01.2016

Sargasses : des solutions durables pourraient être mises en place à Saint-Martin

La problématique des sargasses est prise en considération depuis plusieurs semaines à Saint-Martin. Mais les solutions trouvées sont-elles durables ?

Grâce à l'aide de l'Etat, des brigades vertes ont été mises en place pour ramasser les algues sur les sites les plus touchés. Leur efficacité est reconnue par tout le monde et les tas, notamment à Cul de Sac, ont diminué. Récemment, la société Sindextour qui gère des restaurants sur la plage de la Baie orientale, a acquis une machine pour nettoyer la plage. Ainsi, chaque matin, lorsque les centaines de touristes débarquent, ils trouvent désormais une plage parfaitement propre.

Les professionnels du tourisme peuvent ainsi communiquer de manière positive et rassurer les potentiels visiteurs que ce problème qui touche toute la Caraïbe, est géré en partie française de Saint-Martin.  Dégager les plages était en effet une priorité à l'aube de la haute saison touristique ; l'activité économique pouvait être fortement et négativement impactée si rien n'était fait. Le problème est donc aujourd'hui géré. Mais il n'est pas résolu pour autant. Ces solutions, bien que méritantes car existantes, ne sont pas durables.

Certes, éliminer les sargasses est impossible ; les scientifiques sont unanimes : elles seront de plus en plus envahissantes durant les prochaines années. Faire en sorte qu'elles ne viennent plus flotter au large de Saint-Martin est donc utopique. Néanmoins, le ramassage est-il le meilleur remède ? Dans l'urgence, il l'est assurément.

DES ARRIVÉES MOINS MASSIVES À CETTE PÉRIODE DE L'ANNÉE

A cette période de l'année, si l'on s'en réfère aux précédentes depuis 2011 (année lors de laquelle les sargasses ont commencé à arriver en masse sur notre littoral), les radeaux d'algues sont nettement moins importants, mais ils devraient s'intensifier de nouveau à partir des mois de mars-avril. Et là, ramasser les algues sera-t-il suffisant ? Aussi serait-il bon de poursuivre la réflexion de la gestion des sargasses. Aujourd'hui, il existe des solutions pour canaliser les algues, la plus connue est celle du barrage flottant. A l'instar de ces barrages érigés lors de pollutions pétrolières, de gros boudins sont posés en mer afin de bloquer le passage aux algues tout en permettant à la faune aquatique de passer en dessous. Il existe aussi le compresseur d'air ; la machine envoie de grosses bulles d'air créant ainsi un courant permettant de changer la circulation des algues.

DES SOLUTIONS DURABLES EXISTENT

Une société implantée en partie française, Antilles Hyperbarie et Travaux aquatiques (AHTA) est en train de mener une étude et de récolter des données scientifiques avec la Réserve naturelle de Saint-Martin (courants, etc.) afin d'apprécier des solutions, plus durables. «Il en existe deux : celle du barrage flottant qui empêche aux algues d'arriver sur le littoral mais qui les envoie ailleurs, ou celle du barrage flottant avec un stockage des algues en mer», explique Sofiane Belkessa, le gérant de l'entreprise, pour qui la première option n'est pas la meilleure. Quant à la seconde, elle présente un double intérêt : environnemental et économique. D'une part, on ne se débarrasse pas du problème en le refilant au voisin, d'autre part, on peut créer une vraie filière économique. «Installer un barrage au large des côtes permet de stocker les algues puis de les envoyer sur terre où elles peuvent être traitées», précise Sofiane Belkessa dont l'entreprise dispose du matériel nécessaire. «Nous pouvons projeter les algues à environ un kilomètre», souligne-t-il. Une fois sur terre, il faut ensuite les transporter vers un centre de traitement où elles peuvent être transformées en engrais (comme en Haïti) ou autre. Voire revendues. De nouvelles activités créatrices de richesse et génératrices d'emploi pourraient voir le jour à Saint-Martin. Et d'ici à quelques mois, lorsque les radeaux de sargasses seront à nouveau importants, ils n'échoueront plus sur nos plages. Mais reste à convaincre les élus d'un tel intérêt.

Estelle Gasnet