01.01.2016

Elles donnent le bâton pour se faire battre

Deux affaires de violences conjugales ont été examinées ce matin par le tribunal correctionnel de Saint-Martin.

Si le comportement violent de ces deux hommes à l'égard de leur concubine n'est pas excusable, celui des deux femmes, victimes, ne l'est pas non plus. La première, en colère contre son compagnon qui ne veut pas lui donner les clés de la voiture, la raye sur plusieurs dizaines de centimètres. La seconde qui vient d'apprendre que son compagnon (marié mais séparée de son épouse) a une liaison avec une autre femme, déchire son passeport. Dans les deux cas, les hommes n'ont besoin que d'une poignée de secondes pour sortir de leur gond, l'homme et la femme se disputent et les coups partent.
A la barre du tribunal, l'un des prévenus reconnaît les faits. Dans la chambre conjugale, il la jette sur le lit, monte sur elle et la saisit au niveau du cou avant de lui donner deux gifles.
L'autre prévenu admet une altercation avec sa compagne, lui avoir «arraché» son téléphone portable mais nie l'avoir frappée. Selon lui, les coups qu'elle prétend avoir reçus, seraient dus aux gestes échangés durant la dispute, chacun ayant essayé de se défendre. Et dans la dispute, peut-être effectivement, que «son pied a pu toucher son genou». L'homme ne semble pas estimer la violence de ses actes. «Si je suis allée déposer plainte, c'est justement pour qu'il prenne conscience de la situation», confie celle qui avait déjà été frappée par ce même compagnon qui avait dû suivre un stage de citoyenneté.
Les deux hommes ont chacun écopé de trois mois de prison avec sursis ; l'exécution d'un travail d'intérêt général de 120 heures a également ordonnée pour celui qui avait essayé d'étrangler sa femme.
Ces deux affaires sont désolantes car au milieu de ces adultes se trouvent des enfants âgés de quatre ou cinq ans. L'un d'eux a même été interrogé par les gendarmes et a su raconter la scène de violence. «Par expérience professionnelle, nous savons que les enfants qui ont assisté à ce genre de scènes, présentent des risques de les reproduire et de se retrouver à leur tour devant le tribunal pour les mêmes faits», a déclaré le vice-procureur Michaël Ohayon.
Ces deux affaires ne sont pas isolées. Elles sont symptomatiques des comportements irresponsables de nombreuses personnes dont la seule arme pour se faire entendre et comprendre est la violence. Par conséquent la violence devient «normale».
Enfin, à noter que depuis, l'homme dont le passeport a été déchiré, en a fait faire un autre et c'est sa compagne qui a payé les frais. Les deux couples devaient également se séparer aujourd'hui.

Estelle Gasnet